L’auto-régulation pour verdir les pesticides ?

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L’excellent magazine online Actu Environnement vient de nous inciter à nous pencher sur l’article 40 du projet de loi Grenelle 2. Une modification récente de cet article prévoit en effet l’interdiction de la publicité pour les insecticides destinés au grand public.

Cet article est contesté par l’UPJ (Union des entreprises pour la protection des jardins et des espaces verts), qui regroupe les industriels qui seront justement touchés par cette interdiction. Parmi eux, Bayer, Monsanto, BASF, CGI (Compagnie générale des insecticides). Ce qui est intéressant, ce n’est pas tant la contestation en elle-même que les arguments employés et la contre-proposition de l’UPJ.

Que recommande l’UPJ, dans un communiqué de presse daté du 25 juin 2009 (ou dans le dossier de presse correspondant) ? Elle recommande de pouvoir s’auto-réguler. Comment cette auto-régulation va-t-elle se mettre en place ? Grâce à une charte UPJ renforcée, et à une « déclaration en 10 points pour une publicité responsable », bien évidemment sous le contrôle de l’ARPP.

Cette proposition me semble trompeuse et malintentionnée. Pourquoi ? D’abord, les termes employés dans la charte sont suffisamment vagues pour que les pratiques actuelles visant à favoriser la consommation de produits toxiques, dangereux pour la santé et la biodiversité puissent perdurer. « Proscrire toute déclaration de nature à tromper directement ou indirectement le consommateur sur la réalité des avantages ou propriétés écologiques des produits », cela ne dit en rien ce que l’UPJ appelle tromperie, qui peut être substantiellement éloigné de la définition habituelle. Et surtout, une charte interne revient à laisser les bénéficiaires décider de ce qui est acceptable ou pas. On le voit avec l’ARPP, le CEP et le JDP, qui n’arrivent nullement à endiguer le greenwashing, alors que les textes permettant en principe de le réguler existent. L’auto-régulation ne fonctionne pas.

Conclusion : la publicité véhicule des valeurs. Interdire la promotion massive de produits dangereux pour l’environnement et la santé ne paraît pas excessif. Et le seul moyen d’arriver à un secteur publicitaire qui modifie ses pratiques, ce n’est aucunement l’auto-régulation, c’est de légiférer. Rendez-vous à l’automne prochain, pour le vote du texte au Parlement.

Crédit photo : Ordered Chaos, sur Flickr, image mise à disposition sous un contrat Creative Commons by-sa.

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