Revue de web #21

Côté com

– La tribune de Maurice Lévy dans Le Monde, intitulée « Le capitalisme d’après la crise sera éthique ou ne sera pas », a beaucoup fait parler, surtout dans notre profession. Je remarque la réaction de François Kermoal, très lucide, un des rares à ne pas tomber dans le panneau. Comment, les publicitaires de la vieille école prendraient brutalement un virage serré, adieu les manipulations, bonjour l’éthique ? Euh… pas du tout. Reprenez les mots utilisés, grattez un peu le vernis, que reste-t-il ? Exactement la même chose qu’avant, la même idéologie de la croissance économique, qui ne peut qu’être le mot de la fin de cette tribune bien hypocrite. Le capitalisme d’après la crise ? Il n’existe pas ! Ou plutôt, la crise n’est pas près de se terminer, car elle est due au fonctionnement même de notre développement économique. Quoi qu’il en soit, j’attends impatiemment de voir Publicis Groupe changer radicalement ses pratiques. Je suis prêt à parier ma chemise que de petits changements interviendront à la marge, et ce sera tout. Tribune à garder, et à ressortir à l’occasion…
Renault crashe sa communication SAV : Renault veut monter, mais sa communication creuse toujours plus profond.
– Deux études importantes à signaler : les Français, le DD et les médias (OpinionWay), et Green Brands sur la communication environnementale des marques. Encore de quoi apporter de l’eau au moulin de la communication responsable !
– L’ARPP vient de sortir son rapport d’activité 2009. J’espère avoir le temps d’y revenir plus longuement dans un prochain billet, il y a des baffes qui se perdent. En attendant, on peut commencer par le lire, et jouer au jeu de la négation : prendre chaque phrase, et pour avoir la vérité, ajouter une négation. Ça fonctionne presque à chaque fois.
Quelques règles simples pour éviter le greenwashing. J’en ajouterais une : faites attention à la cohérence de votre action de communication « verte » par rapport au reste de votre communication et à votre cœur de métier. Finalement, c’est simple de ne pas greenwasher. Non ?
– Avec les meilleures publicités environnementales, Néoplanète nous prouve que non, finalement, ce n’est pas facile de ne pas greenwasher. Il suffit de ne donner aucune précision.

Côté DD & co

– Actu du bio : de nombreux articles sur le bio et ses relations disons difficiles avec la grande distribution : chez Céline Réveillac, Abonéobio, même Le Parisien (entre autres). D’autant qu’en Allemagne, Alnatura est épinglé sur les bas salaires, et qu’en France, Biocoop commence à être un peu chahuté. Une petite remise en question ne fait jamais de mal.
L’avion écologiquement correct est pour bientôt. Ah, c’est bon de rire. Bientôt quand ?
Un facteur moderne d’abaissement des coûts : l’économie de fonctionnalité. Son application en pratique. Même concept, philosophie légèrement différente : Je donne, tu troques, il loue… nous  gagnons tous !
Hyperactivité : les pesticides accusés. Un bon Coca sur ça, tout ira bien.
Mc Donald’s et le développement durable : interview de la directrice environnement de Mc Donald’s France, ou l’interview qui permet de se rendre compte du paradoxe des greenwashers. Certaines des actions vont dans le bon sens, mais toujours sur l’accessoire, jamais sur l’essentiel.
La Macif se prépare à assurer moins d’autos pour favoriser l’éco-mobilité : nouvelle alléchante, la concrétisation sera-t-elle aussi positive ?
Copenhague est morte ! Vive la communication climatique. Quelqu’un a-t-il entendu parler de Bonn ? C’est en ce moment, c’est la suite de Copenhague, mais où sont passés les médias ?
– Pour finir, foot et environnement… non, désolé, communicationresponsable.fr est déclarée zone sans foot !

10 comments to “Revue de web #21”
    • Merci pour votre commentaire, M. Libaert, je suis très heureux de savoir que vous lisez ce blog !

      En parlant de masses d’infos, je recommande chaudement la lecture de votre site, dont les ressources m’ont beaucoup aidé quand j’ai commencé à formaliser mon projet professionnel.

  1. Salut Yonnel.
    L’interview sur Mc Do n’était effectivement pas simple à réaliser car il faut pouvoir ménager les opinions et en même temps rester incisif pour amener le débat. Merci d’avoir laissé ce commentaire, et pour ton lien également !

    Maintenant, à chacun de se faire son avis quant à savoir si Mc Donald’s communique de façon responsable, ou si l’entreprise se laisse aller… avis à la populas !

    • Salut Mickaël, sois le bienvenu ici.

      C’est une lecture importante ! J’en ai tiré beaucoup d’enseignements, et effectivement c’est un sujet qui mériterait plus de contributions, un débat plus nourri.

      Une des questions que je me suis posées : est-ce que l’imprimerie Villière, et plus généralement toutes les imprimeries, sont dans le même cas que McDo, à ne pouvoir faire que de la réduction d’un impact environnemental forcément présent ? À mon humble avis, ce n’est absolument pas la même chose, et pour une bonne raison : le cœur de l’activité de McDo peut être changé, il n’est pas contraint. Rien ne les force à vendre du « trop gras, trop sucré et trop salé », du goût formaté, de la mauvaise qualité. Rien ne les force à avoir ce mode de développement, cette politique de management. À l’opposé, les imprimeries ont des contraintes fortes : à l’heure actuelle, il est impossible de se passer du papier, et la technologie ne permet pas encore d’imprimer proprement. C’est pour l’instant, inévitablement, un métier qui consomme pas mal de ressources naturelles.

      Conséquences : quand McDo fait de la réduction d’impact comme ils le font (et chaque action est discutable), ce n’est pas être « vert », ce n’est pas un bénéfice pour l’environnement, parce que rien ne les empêche de faire mieux, si ce n’est leur propre volonté. Mais quand une imprimerie le fait, selon leur façon de le faire, on s’approche vite de la réduction maximale. Aucun des deux n’a intérêt à se proclamer « verte », « super-méga-écolo », plutôt à se montrer modestes sur le sujet. Par contre, un des deux a une légitimité, l’autre pas.

      C’est un début de réflexion. Peut-être serait-ce mieux de l’exprimer sur l’éco-blog ? Ou même de quoi nourrir un nouveau post ?

  2. Pour moi c’est « l’article » sur « Les meilleures publicités environnementales » qui m’a interpellé… Mais d’où sortent-ils ça?!
    Avais-tu déjà entendu parler des « 16 arts » de la planète pub? L’auteur de l’article ne se serait-il pas tout simplement emmêlé le clavier?! J’espère que cette Fabienne pourra nous en dire plus!

    • Salut Céline !

      Bizarre, en effet. En fouillant les recoins du web, j’ai vu sur le Myspace de l' »artiste » mentionné une annonce des 16 arts en question. Bidon ou pas bidon, je ne sais pas. Pas plus que je ne comprends pourquoi un tel secret autour d’une initiative qui aurait pu valoir un tout petit peu de médiatisation. Quel palmarès, quel jury ? Mystère…

      Ce qui m’a scotché, c’est que les textes des affiches présentées sont illisibles. Comment veux-tu savoir si ce sont de bonnes pubs ou pas ? Encore des prix où l’on ne parle que de forme, et jamais cohérence avec le fond ?

  3. Concernant ta vision de l’imprimerie : « la technologie ne permet pas encore d’imprimer proprement » et « un métier qui consomme pas mal de ressources naturelles ».

    Ta première affirmation n’est pas juste (mais tout dépend ce que tu entends par proprement), la seconde est à la lecture assez péjorative, les deux sont finalement des idées reçues contre lesquels les imprimeurs se battent depuis des années, car notre filière est malheureusement méconnue. Et que convient-il de faire quand le consommateur n’est pas assez informé : communiquer… c’est justement ce que nous faisons et ce que l’association Culture Papier fait.

    – Consommer du papier n’est pas synonyme de destruction des forêts : 70 % des fibres vierges utilisées dans la fabrication de la pâte à papier proviennent des bois de coupes d’éclaircies nécessaires à la croissance de la forêt.

    – Le papier est donc l’un des rares produits qui soit à la fois naturel, renouvelable, recyclable et biodégradable sans altérer les ressources des générations futures.

    – Aujourd’hui, la France compte 32 millions d’internautes (srce Médiamétrie). 1 Français sur 3 n’a pas accès aux supports numériques d’information et de communication. Les supports imprimés participent ainsi au lien social, à l’information, à la culture ou aux loisirs de plusieurs dizaines de millions de Français.

    – par effet de mode, certaines personnes semblent sensibles à des arguments soit disant écologistes mais surtout anti-papiers que les scientifiques eux-mêmes récusent du bout des lèvres tant ils ont peur d’apparaitre comme les complices des destructeurs de l’environnement que nous sommes censés représenter.

    – il existe aujourd’hui du papier recyclé, du papier provenant de forêts gérées durablement, des encres végétales, des machines n’utilisant aucune chimie, des circuits de revalorisation des déchets et encore tant d’autres solutions respectueuses de l’environnement. Au cours des vingt dernières années, les investissements massifs réalisés par l’ensemble de la filière dans des procédés industriels moins polluants ont permis une diminution de 80% des rejets dans l’eau, de 30% des consommations d’énergies, de 50% des émissions de CO2 par tonne produite… est-ce que vous voyez d’autres filières économiques qui peuvent revendiquer un tel bilan environnemental ?

    Il est plus que temps de communiquer pour que ces idées reçues qui font tant de mal à une filière exemplaire cessent, et que les consommateurs soient informer de façon juste.
    Qu’en penses-tu Yonnel, pour le coup, on serait vraiment dans une communication responsable ?!!

    • Ce que j’en pense, c’est qu’on serait alors pile poil dans de la communication irresponsable. Totalement irresponsable. Mon cher Mickaël, je pense que tu devrais lire un billet récent sur un très très bon blog, et tu verrais sans doute que tu es en train de faire la confusion entre « communiquer de manière responsable » et « communiquer sur ce qui est responsable ». Ce que tu viens de faire, c’est la seconde.

      Justement, ce n’est pas une « information juste ». Oh, mais comme c’est bizarre, tous les arguments vont dans le même sens !? Quand je vois cette façon de procéder, que ce soit sur ce sujet ou d’autres, je me dis ‘si c’est aussi peu nuancé que ça, ils ont forcément quelque chose à cacher, et ils me prennent pour une clé à molette ».

      Tous les arguments que tu viens d’évoquer, je ne doute pas un instant que cela corresponde aux pratiques de l’imprimerie Villière, et de quelques autres. Seulement, ce ne sont que des bonnes pratiques que l’on exhibe en cachant l’essentiel sous le tapis. Est-ce que c’est le reflet des pratiques de la majorité des imprimeries françaises ? Ose me l’affirmer ! Tout le papier des imprimeries françaises vient-il de France, des forêts super bien gérées (et encore, les labels du papier, il y aurait bien des choses à en dire) ? Toutes respectent-elles au minimum la législation sur le recyclage des déchets toxiques ? Qu’est-ce qui garantit que les chiffres donnés sont réels (que dalle) ?

      Oui pour défendre le papier, oui pour défendre les imprimeries qui font des efforts, mais pas comme ça, pas en ne présentant qu’une facette du problème, pas en perdant toute objectivité, pas en voulant manipuler ! C’est comme pour la com, je défends certaines pratiques qui me semblent recommandables, mais quand il s’agit de défendre toute une profession dont les pratiques sont majoritairement irresponsables, je préfère m’abstenir, pas par désamour de mon métier, au contraire, mais pour ne pas avoir à défendre l’indéfendable. Culture Papier se trompe de combat. Avant de vouloir changer le regard des autres, il faut commencer par balayer devant sa porte (ce que vous faites @Villière, je le rappelle).

      Tu m’as bien mis en forme, pour un mardi matin 🙂

  4. Je cherche le vrai Yonnel et j’en trouve des 2 côtés : tout n’est pas blanc de l’un, tout n’est pas noir de l’autre. Je ne pense pas que Culture Papier souhaite prendre les gens pour des jambons ou des clés à molette (je ne connaissais pas l’expression) mais simplement lutter contre de pré-jugés qui vont parfois à l’encontre de toute logique.

    En France comme ailleurs, certains imprimeurs continuent à rejeter leurs eaux usées à l’égout et autres pratiques pas très glorieuses. Mais de manière générale, le milieu progresse dans le bon sens et de manière significative.

    On va faire un footing quand tu veux, je suis chaud aussi 🙂

    • Si au moins ça te fait découvrir quelque chose de moi 😉 (je rappelle que ceci est un blog professionnel, pas le rendez-vous des bisounours)

      On peut faire de la communication pour une structure, dans un domaine particulier, vouloir le défendre, sans pour autant TOUT défendre justement en bloc, sans nuances, sans reconnaître des faiblesses, voire des points noirs, d’autant plus que ces faiblesses sont en train d’être corrigées, lentement. Lucidité + transparence, voici mes deux mamelles 😉

      Des faiblesses et des points noirs, j’en vois dans la com, j’en vois dans le papier. Ne communiquer QUE sur les points positifs, comme le propose Culture Papier, c’est manipuler. Cela revient à nier les problèmes, ce n’est pas ainsi qu’ils disparaîtront, et qu’en retour la mauvaise image s’estompera. BP retrouvera une bonne image (humpf, faut y croire) le jour où les effets de la marée noire se seront estompés, d’ici là ils peuvent dire tant qu’ils veulent qu’ils sont les plus beaux, ils ne font que s’attirer de l’antipathie. C’est exactement la même chose pour le papier ou la com.

      Footing ? Avec plaisir ! Bon, on est un peu à deux bouts de la France…

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