2012 est pleine de promesses. L’institut d’études trendwatching.com prévoit les tendances à venir, et pour 2012, un néologisme a leurs faveurs : « flawsome ». Visiblement le terme commence à prendre, puisqu’on le retrouve déjà ici ou là. Je cite :
« les consommateurs n’attendront pas des marques qu’elles soient sans failles, bien au contraire, ils s’enthousiasmeront pour les marques qui sont FLAWSOME* (avec des failles), voire même, qui ont un côté humain (ou au moins un semblant de côté humain). Des marques, qui sont honnêtes sur leurs défauts et qui démontrent de l’empathie, de la générosité, de l’humilité, de la flexibilité, de la maturité, de l’humour et même – bon, on se lance – de l’authenticité et de l’humanité. »
Ckoi struc?
Flawsome, c’est la contraction de flaw (la faille, le défaut) et de awesome (génial, cool – littéralement awe est une crainte mêlée d’admiration, un mot originellement employé dans un contexte religieux si je ne m’abuse). L’idée est simple : les défauts vous rendent cool. En français, difficile de trouver une traduction !
En ce qui me concerne, rien de bien nouveau. Mettre en avant ses failles aussi bien que ses réussites, c’est une des bases de la communication responsable, qui vise à donner de l’entreprise une image qui se rapproche plus de la réalité. J’en parle depuis quelque temps. On le fait par principe, et on le fait aussi parce que cela procure plusieurs avantages à l’entreprise. Meilleure image, meilleure acceptation, peut-être meilleure préparation des éventuelles crises, éventuellement meilleure prise en compte de l’évolution des attentes des parties prenantes si ce flawsome inclut les médias sociaux, en tout cas démystification de l’entreprise-parfaite-et-toute-puissante, promesse intenable s’il en est.
Alors flawsome, je plussoie ! (deux mots de jargon dans une phrase de quatre mots, pas mal)
Cool Raoul, patience Hortense
Ceci dit, il n’y a pas non plus lieu de crier victoire. Ce n’est qu’une tendance sortie par un institut dont la stratégie est d’en évoquer tellement que dans le lot il y en aura bien quelques-unes qui se révèleront exactes. La flawsomerie n’est pas encore devenue une tendance lourde.
Ensuite, rien ne dit comment le flawsome sera appliqué par les margoulins coutumiers du greenwashing et autres manipulations de com’ (pas de nom, mais je suis sûr que vous voyez de qui je veux parler). J’ai peur de voir ce noble concept détourné, assimilé, annihilé. Même trendwatching.com donne des indices des déviances que l’on pourrait rencontrer : « un semblant de côté humain » ; « et même […] de l’authenticité et de l’humanité » . Wait and see who gets flawsome!
Crédit photo : Lara604, sur Flickr, image mise à disposition sous un contrat Creative Commons by.
« Mettre en avant ses failles aussi bien que ses réussites, c’est une des bases de la communication responsable ». Je suis totalement d’accord avec cette phrase, qui, comme vous le dites justement, est à la base de la com d’entreprise. C’est faire preuve de responsabilité que de montrer aussi ses défauts, et de trouver des solutions pour les améliorer.
Merci pour votre bienveillance ! Votre commentaire me fait penser aux conditions indispensables pour être flawsome : la lucidité et la connaissance. Lucidité pour avoir un regard réaliste sur la situation de son entreprise, et connaissance des thématiques environnementales.
Je suis bien d’accord avec les deux points :
– la communication responsable passe par une attitude franche et ouverte sur ses failles et les problèmes rencontrés. 1) c’est plus honnête et dans un monde où les entreprises se targuent de faire de la RSE une priorité, ce serait bien le moins. 2) De toutes façons les clients l’apprendront d’une façon ou d’une autre. Autant que ce soit par l’entreprise elle-même. 3) c’est aujourd’hui le seul moyen de maîtriser sa communication, sinon vos détracteurs le feront pour vous. 4) c’est un moyen – pas le seul – d’appréhender la communication de crise. 5) On ne sait jamais, quelqu’un peut vous aider à trouver une solution ? Vos clients y ont intérêt en tout cas. 6) des tas d’autres raisons. Bien entend, il ne faut pas le faire n’importe comment, sinon il faut aussi prévoir une liste de points négatifs.
– les spécialistes improvisés de la com institutionnelle (dans les entreprises et dans les agences) vont s’en donner à coeur joie, pensez donc, une nouvelle nécessité et une nouvelle offre ! Les entreprises auront donc intérêt à creuser la question en toute indépendance avant de confier cette partie très sensible de leur image à des agences probablement très compétentes mais qui ne prennent pas le risque pour leur client.
Merci !
Merci Jérôme pour cet approfondissement de l’intérêt d’adopter une attitude transparente !
J’aime bien votre vision de certaines agences qui font prendre des risques à leurs clients, parce qu’elles n’ont pas à les subir elles-mêmes. Les préconisations que je fais à mes clients insistent souvent lourdement sur le risque qu’il y aurait à s’engager sur tel ou tel axe sans avoir suffisamment d’éléments de preuve. C’est ma vision de ce que doit apporter un prestataire à son client, et justement le prestataire extérieur a normalement suffisamment de distance pour le faire.