AlternativeTo, la moitié d’une alternative

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Ce week-end, par l’intermédiaire de Business Garden, j’ai découvert la naissance d’un site web consacré aux alternatives aux logiciels commerciaux. Ce site web, c’est AlternativeTo. C’est une vraie bonne idée, mais aussi un exemple parfait d’incompréhension des logiciels libres.

Le principe du site est de nous aider à trouver des logiciels gratuits qui ont les mêmes fonctionnalités que les logiciels commerciaux les plus répandus. Et c’est là que le bât blesse : le seul critère de choix est la gratuité.

Vous le savez si vous avez déjà visité ce blog, et si vous avez lu mon CV, je suis particulièrement attaché aux logiciels libres, domaine qui comme la communication responsable, ou comme le bio, permet de concilier éthique, qualité et efficacité économique.

Je vois par exemple que sur le site AlternativeTo, figurent dans la même catégorie, « free », deux logiciels aussi opposés que Internet Explorer et Firefox. « Pour être honnête je ne pense pas qu’il soit vraiment important par exemple pour ma mère que ce soit un projet Open Source ou si c’est Microsoft qui a développé une application. La seule chose qui lui importe, c’est que cette application soit de qualité, et si elle est gratuite ou pas », m’ont écrit les responsables du site. Et je crois qu’ils n’ont rien compris à l’évolution de l’industrie des logiciels.

Firefox n’est pas gratuit, comme synonyme de « cheap ». C’est un logiciel libre, parce qu’il est développé différemment d’un logiciel non-libre (si je devais définir le logiciel libre en un seul mot, ce serait : collaboratif), et parce qu’il conçoit la diffusion des logiciels différemment.

Mettre sur le même plan logiciels libres et freewares, c’est promouvoir l’idée qu’on peut consommer ces logiciels de la même manière. Or le logiciel libre est fondé sur la notion de participation : vous êtes encouragés à apporter votre pierre à l’édifice, que ce soit en apportant votre feedback, vos remarques, vos rapports de bugs, vos souhaits. Ou en écrivant/traduisant de la documentation, des tutoriels. Ou en écrivant du code (pour les plus doués). Ou en donnant quelques euros. Parce que si on ne contribue pas, qu’on prend sans jamais donner, le logiciel libre, comme la poule aux œufs d’or, va mourir.

On ne consomme pas un logiciel libre, on entre dans un autre mode de pensée. Comme dans le bio, comme dans une certaine forme de développement durable. C’est ce qui m’inquiète dans ce site, qui ne fait pas ressortir cette spécificité.

Le logiciel libre est une aventure tellement grandiose, tellement différente, qu’il serait dommage de laisser les internautes dans l’ignorance…

Crédit photo : ComputerHotline, sur Flickr, image mise à disposition sous un contrat Creative Commons by-sa. Cet étrange personnage est Richard Stallman, le père du logiciel libre. Un dangereux idéaliste, doublé d’un informaticien hors pair… et doté d’un humour particulier. Ici, il incarne le gourou Saint Ignucius de l’Église d’Emacs. C’est l’image que je montre régulièrement en conférence quand je dois parler des logiciels libres à des chefs d’entreprise, pour montrer à quel point les apparences peuvent être trompeuses.
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2 comments to “AlternativeTo, la moitié d’une alternative”
  1. Ah bon, tu as écrit aux gars qui font ce site ?? C’est pas un peu too much? Ils ont raison, on s’en fout qu’il y ait tout un baratin politique autour, qui ne concerne que la super-minorité des super-spécialistes. Arrête de couper les cheveux en quatre!

    • Ah, enfin un peu d’opposition ici !

      Oui, « John », je leur ai écrit, ils m’ont répondu, et mieux : ils vont modifier prochainement le filtrage de leurs catégories (enfin, c’est ce qu’ils m’ont annoncé). Elle est pas belle, la vie ? Toujours convaincu que ça ne sert à rien de participer ?

      Ce baratin n’a rien de politique. Ou alors, il est autant politique que le bio est politique. Je parlerais plutôt de républicain, dans le sens premier du terme, celui de la chose publique. Après, deux attitudes sont possibles : soit on se satisfait de ce que les autres font pour vous (un peu genre mouton de Panurge), soit on décide de participer. Pas besoin d’être un super-spécialiste, il suffit juste de se poser des questions. C’est une attitude simple à adopter, saine, constructive.

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